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Sans entreprises de recyclage, pas d'économie (circulaire)

02 octobre 2024



À une époque où le changement climatique et la pénurie de ressources nous obligent à passer rapidement à une économie circulaire, le secteur du recyclage en Belgique et en Europe se trouve à un tournant décisif. Alors que les gouvernements à différents niveaux en Belgique prennent lentement forme, Mark Thys, Chief Operating Officer chez Renewi, et Caroline Van der Perre, Co-Owner et Manager chez Raff Plastics, soulignent les défis urgents que les futurs ministres de l'environnement doivent aborder immédiatement au cours de cette législature. Leur message est clair et urgent : les entreprises de recyclage jouent un rôle économique et sociétal essentiel. Elles souhaitent continuer à assumer pleinement ce rôle, mais elles ont pour cela besoin d’un environnement qui soutient leur activité économique. Sans ce soutien, la Belgique et l'Europe risquent de perdre la position de leader qu'elles ont soigneusement construite ces dernières années. 

À quelles priorités les prochains ministres de l'environnement devraient-ils, selon vous, accorder leur attention?

Caroline Van der Perre: Le secteur du recyclage joue un rôle crucial dans la société et dans la lutte contre le changement climatique, et nous en sommes particulièrement fiers. Cependant, pour que les entreprises de recyclage puissent apporter leur pleine contribution, il est essentiel que nous bénéficions de conditions de concurrence équitables. Nous sommes aujourd’hui confrontés à de grands défis tels que la concurrence déloyale avec les matériaux vierges et les « recyclats » en provenance d'Asie qui ne respectent pas les mêmes normes environnementales qu'en Europe. Si la réglementation n'est pas appliquée partout de manière uniforme, nos entreprises s’en trouvent désavantagées et le traitement local et le recyclage en matériaux circulaires sont menacés. 

Mark Thys: Il est également essentiel que la réglementation existante soit appliquée de manière uniforme à l'ensemble du secteur. Cela permettra de garantir que toutes les entreprises respectent les mêmes normes, qu'elles opèrent localement ou à l'international. Encourager une concurrence loyale fera que les entreprises belges seront plus enclines à investir, innover et créer des emplois locaux. Mario Draghi, l'ancien président de la Banque centrale européenne, a également souligné dans son récent rapport1 sur l'avenir de la compétitivité européenne qu'un marché unique des déchets et du recyclage est une condition sine qua non pour être et rester compétitif, mais aussi pour faire de l'économie circulaire, que l'UE poursuit, une réalité. 

De plus, il est crucial de revoir les procédures administratives d'octroi de permis, qui deviennent de plus en plus strictes et complexes, alors que les gouvernements ont justement besoin de ce secteur pour éliminer les déchets et les substances potentiellement dangereuses. Sans une coopération accrue, l'incitation à investir davantage fera défaut. Contribuer à l'économie circulaire est notre mission, et nous voulons absolument continuer à le faire. Mais pour cela, certaines mesures, que nous souhaitons mettre sur la table, sont indispensables. Elles constituent une priorité absolue pour l'avenir. 

"Des conditions de concurrences équitables sont essentielles pour que les recycleurs puissent continuer à jouer leur rôle sociétal crucial."   

Vous mentionnez une concurrence déloyale avec l'Asie. Pouvez-vous expliquer ce que cela signifie pour les entreprises belges ?  

Caroline Van der Perre: La concurrence avec l'Asie se manifeste principalement par l'importation de matériaux recyclés à des prix inférieurs à ceux que nous pouvons proposer en tant que recycleurs locaux en Belgique. Ces matériaux ne respectent pas les normes environnementales et sociales que nous appliquons en Europe. Cela crée un désavantage concurrentiel considérable pour nos entreprises, qui doivent se conformer à des exigences bien plus strictes. 

Mark Thys: Cela ne nuit pas seulement à notre position concurrentielle, mais cela envoie également un mauvais signal : celui qu’agir de manière environnementalement responsable est optionnel. C'est pourquoi nous appelons les futurs ministres de l'environnement à mettre fin à cette concurrence déloyale en plaidant au niveau européen pour des restrictions sur les importations qui ne respectent pas les mêmes normes. 

Vous parlez également de la révision des procédures administratives d'octroi de permis. Pourquoi est-ce si important pour le secteur ?

Mark Thys: Les procédures de délivrance de permis en Belgique sont souvent longues, complexes et coûteuses. Et cela n'a pas vraiment été simplifié récemment. Parfois perçue comme une véritable chasse aux sorcières, cette situation peut décourager les entreprises de recycler localement. Une révision urgente de ces procédures est nécessaire pour les rendre plus transparentes, efficaces et mieux adaptées à la réalité de notre secteur. Il ne s'agit absolument pas de plaider pour un "Far West" non réglementé, mais d'un appel urgent à rendre l'accès aux permis plus clair grâce à une concertation sectorielle. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons investir efficacement, réduire notre montagne de déchets et augmenter notre capacité de recyclage. Cela permettra ainsi de diminuer notre dépendance aux matières premières importées et de renforcer l'économie circulaire.

Caroline Van der Perre: C'est effectivement un point crucial. Les retards et la complexité des procédures administratives freinent l'innovation et l'expansion des entreprises de recyclage en Belgique. Un processus plus simple et plus prévisible permettrait aux entreprises de mieux planifier leurs investissements et d'améliorer leur compétitivité. Cela profiterait non seulement aux entreprises, mais aussi à l'environnement et à l'économie belge dans son ensemble.

  "Les procédures de permis deviennent de plus en plus strictes, alors que les gouvernements ont justement besoin de ce secteur pour éliminer les déchets et les substances potentiellement dangereuses. Sans une coopération accrue, il manque l’incitation à investir davantage."  

En conclusion, quel message souhaitez-vous adresser aux futurs ministres de l'environnement ?

Mark Thys: Notre message est simple : mettez en place un environnement favorable aux investissements pour les entreprises de recyclage en Belgique. Assurez des conditions de concurrences équitables en rendant les règles existantes plus ciblées et en harmonisant les normes avec celles de l'Europe et au-delà. Cela permettra aux entreprises de recycler localement et de manière compétitive. Encouragez les entreprises de recyclage à investir en Belgique ; elles sont prêtes et n'attendent que l’opportunité de pouvoir le faire.

Caroline Van der Perre: Nous leur demandons de prendre des mesures concrètes pour soutenir le secteur du recyclage en Belgique. Ils n'ont pas à le faire seuls : nous sommes disposés à discuter avec eux pour élaborer ensemble des solutions qui favorisent le recyclage local des déchets. L'imposition d'une taxe carbone sur les matériaux vierges pourrait être une première étape pour lutter contre la concurrence déloyale. En révisant également les procédures administratives, nous pourrions vraiment faire de la Belgique un leader en matière de recyclage et d'économie circulaire. C'est une opportunité que nous devons saisir, non seulement pour les entreprises, mais pour l'ensemble de la société.

Sans entreprises de recyclage, pas d'économie (circulaire) : le changement climatique et la pénurie de ressources exigent une action rapide et décisive. L'avenir du secteur du recyclage – et donc de l'économie circulaire – dépend des politiques qui sont élaborées aujourd'hui.

1 Mario Draghi: “Rapport over de toekomst van het Europese concurrentievermogen”, september 2024.